Le ciel joue à saute-mouton au dessus de la cathédrale qui, titillée, clochette, pendant que pétaradent les motocyclettes.

Parfois, il y a cette impression terrible que quelqu'un est derrière. Un bruit de rien crée le fantôme, l'étrangleur, le cambrioleur, qui, dans la cervelle, s'en va à petits pas.

Sur le petit écran, les tours jumelles sont percutés. L'image, vue mille fois, coupe toujours le souffle. Le président Bush erre en l'air de bases militaires en bunkers. Le maire Giulani s'improvise super-héros au veston empoussiéré. Atmosphère de guerre mondiale et d'apocalypse. Soudain, boum! ça éclate. Ce n'est n'est pas la télé. Aucun orage n'était prévu: ça recommence. Le feu d'artifice fête je ne sais quoi et les terroristes, parce qu'imaginer le pire est possible, n'ont pas encore tout à fait perdu la bataille.

Le ciel bleu rend le lendemain et veille plus flous et plus irréels. Entre noce et rentrée des classes, je fais comme si les vacances n'étaient pas finies. La fatigue désamorce le stress.

Il faut absorber quotidiennement sa dose de Proust pour la mettre en écho avec sa propre grossièreté.

D'Ecosse ou d'Italie, les voix sombres se font tragiques, loin des harmonies célestes, suppliantes du fond d'un enfer qui marcha quarante dans un désert aride et silencieux.

Emile Gardaz balance un rêve, un soir d'août qui s'octobre. Je n'ai rien, et le silence qui suit est écho. Je suis sobre et fou. Vous êtes ailleurs.

Ceux qui sautent du pont, juste à côté, peuvent ne pas mourir. Sursis handicapé qui perd un peu plus le sens unique des vies égarées.

Les occupations casse-têtes sont-elles une perte de temps? Les hommes n'ont-ils commis que des blablas depuis toujours, perdus dans leur condition minable de bêtes pensantes?

"Mauvaise journée pour les champignons..." La walkyrie n'est pas dupe, avec ses yeux bleus de toute maligne. Nous nous agenouillons devant bolets et chanterelles, en dérupe, en bordures de montagnes à vaches bourbines. C'est bonnard. Le foie gras des mélèzes fond dans nos bouches comblées. Que du du bonheur!