Saint-Nicolas, en robe de soleil au petit jour, rejette tout Fribourg dans l’ombre. En manteau de nuages, elle redevient gothique, lugubre et inquiétante. Ce sont les deux faces du catholicisme : la Fête-Dieu et la Toussaint.

Les orthographes catastrophiques défilent, subtiles variations illogiques et désespérantes, sous le stylo rouge fatigué, tandis que l’art de la fugue déploie sa grammaire parfaite et merveilleuse. Comment, mes chers élèves, pouvez-vous survivre dans ce monde triste et vulgaire, où l’on écrit aussi faux que l’on chante ?

Au temple Ikea, le bois est roi de Suède. L’armoire, majestueuse et simple, reste à bâtir. Quand nous sortons, le bois est devenu cartons et nous devenus les rois… des couillons.

Gaudeamus igitur, nous sommes jeunes et fous, costars impecs et rubans à l’italienne. Célébrons la patrie, la bière et l’amitié, en nous raclant la gorge. Hier sind wir versammelt pour une geste héroïque : percer les tonneaux qui sauveront Cardinal, notre Sainte Mère l’Eglise et la jolie fuchsine inaperçue. Vivat, crescat, floreat les frasques coquines de tous les Don Quichotte affamés et les youtzes endimanchées de tous les Zeus en piste.

Pourquoi les Japonnais qui frappent des mains pendant la marche de Radeski font-ils toujours mal à la tête?

Le dernier paradis sur terre est la terrasse. Au Marcello, le vendredi, Bernie a ses sautes d’humeur, les apprentis vident et revident les chopes, sous l’œil amusé des profs en congé (pléonasme ?) qui refont le monde ou contrepètent au rythme endiablé, assommant et merveilleux des Cardinal et des Duvel qui rendent bavard.

Travailler est une insulte à la vie. Le luxe, c’est le repos. Il n’est pas de plaisir plus bandant que celui de ne rien foutre. Mais bander pour ne rien foutre, n’est-ce pas du gâchis ? Allez, au travail !

Dès la semaine prochaine, le bruit de la machine à traire me manquera. Alpha Laval et ses tétines, orchestre pain et fromage on ne peut plus frais, se taira, et le lait se berlingotisera vachement.

Quand sonne l’heure de la rentrée, c’est comme si le printemps se repointait en automne. Soudain, il fait trop chaud et un coup de jeune nous fait sentir, derrière les pupitres souriants, le poids des ans.

Les lendemains de fête sentent la lessive, les yeux rougis et le café.